Non, ce n'est pas le retour des algues vertes tueuses sur les littoraux. Quoiqu'elles ont déjà du y revenir dès le déconfinement des activités économiques...
Non, c'est le refrain des médias nationaux.
Parce que c'est la mode.
Comment ? Parce que Les Verts ont remporté les municipales ?
Houlà, noooon !
Allez, un peu d'histoire, je m'ennuie ce soir !
D'abord, Les Verts et Europe Ecologie, qu'est-ce la même chose ?
Pas tout à fait, EELV est un regoupement plus large et plus centriste que LV.
Attendez, parce qu'EELV c'est pas à gauche ?
Alors... Reprenons un peu d'histoire.
Déjà Les Verts d'Antoine Waechter se réclamaient du "ni droite, ni gauche" et ont même roulé avec Brice Lalonde (ouvertement de droite) en 94 ; le secrétaire général Jean-Luc Bennahmias est devenu une figure du MoDem de François Bayrou ; etc.
Pour autant, Les Verts se sont associés avec des partis de gauche, PS et PCF en tête, pour les élections locales et le gouvernement de Lionel Jospin.
La présidentielle de 2007 signe une mort du parti (1,57% pour Dominique Voynet) mais les municipales de 2008 lui redonnent le sourire : 41 maires affiliés Verts, dont Dominique Voynet qui avec le soutien du PS a délogé le PCF de Montreuil, une première depuis 1935. Une première éphémère, le PCF reprenant la majorité dès l'élection suivante.
Les Européennes 2009 voient la naissance d'Europe Ecologie ("de Hulot à Bové" à l'initiative entre autres de Daniel Cohn-Bendit) et aussi le meilleur score du parti avec plus de 16% soit 14 euro-députés. Des cadres quittent l'organisation qu'ils trouvent trop au centre.
Je saute quelques années pour arriver en 2015 avec François De Rugy et Jean-Vincent Placé qui, alors président des groupes parlementaires EELV, démissionnent pour prendre des responsabilités dans le gouvernement Hollande - Valls, ainsi que d'autres élus nationaux ou locaux.
Juillet 2016, 3.000 adhérents annoncés, plus que 6 députés.
Présidentielle 2017 derrière Benoît Hamon (6,4%), aucun député, 3 sénateurs.
Européennes 2019 surprise avec 13,5% (13 eurodéputé-e-s) le parti est annoncé comme la nouvelle force politique qui compte.
2020 : EELV emporte Lyon et quelques villes emblématiques et on n'entend parler que d'eux !
Même dans Wikipedia ! Le premier paragraphe du 1e tour concerne la "forte progression des listes écologistes" (4 lignes) quoique le plus gros paragraphe reste consacré au RN (8 lignes). Le PS se maintient (3 lignes) le PCF aussi malgré quelques pertes emblématiques (3 lignes en continuité du paragraphe PS), 1 ligne sur LR en difficulté et 4 sur la déroute LREM.
Pour le second tour très gros premier paragraphe pour EELV (10 lignes), 3 pour LREM, 5 pour LR, 3 avec le PS, 2 pour le RN (plus rien pour le PCF qui a pourtant emporté des mairies).
Alors j'aimerais que l'on m'exprime les choses en valeurs relatives.
Sur les presque 35 mille communes en France, combien ont un-e maire affilié-e EELV ?
Moins d'une vingtaine. C'est pas énorme.
Comparées aux villes dirigées par des maires LR et divers droite, c'est mille fois moins.
Même comparées aux communes avec un-e maire communiste, parti qui meurt pourtant depuis plus de 40 ans d'après ces mêmes médias, c'est moins de la moitié.
Alors la déferlante et la nouvelle force d'équilibre de la gauche, j'ai un peu peur que ce soit une récupération par le système, une prophétie auto-réalisatrice.
Comme le FN qui s'auto-proclamait "premier parti de France", qualificatif repris par la presse écrite dès 2011 (peut-être avant en télé ou radio, pas pu retrouver de citation) alors qu'il ne le sera qu'en 2014 aux Européennes. Et encore, un coup ponctuel qui retombera plus tard, mais tout de même 24% des suffrages ! Heu... Certes un gros pourcentage, avec pourtant moins de voies qu'aux Européennes précédentes... Ils se sont juste moins effondrés que les autres partis,
Dans quel but alors ?
Peut-être parce qu'une présidentielle approche et qu'il serait mal vu qu'un candidat portant des idées de gauche puisse être à nouveau au second tour, ou proche d'y accéder comme Jean-Luc Mélenchon en 2017. LREM et FN, oui, ils sont dans le système, Mélenchon pas assez, un petit Yannick Jadot plus compatible avec le système serait bien vu pour lui tailler des croupières.
Je note enfin que ces maires EELV sont parfois à la tête de listes divers gauche (ce sont les Préfets qui décident comment comptabiliser les listes dans les statistiques, et c'est une remarque valable pour tous les partis, parfois dans un sens, parfois dans l'autre), ma question sur le poids politique réel d'EELV pourrait alors trouver une réponse avec le nombre d'élu-e-s dans les Conseils municipaux par parti.
A l'heure où j'écris ces lignes, les chiffres officiels n'ont pas été publiés, je n'ai pas pu regrouper mes éléments de réponse et c'est bien dommage.
Je trouve encore plus dommage de ne pas en avoir trouvé de synthèse complète dans les médias, dont il me semble que la mission est justement de mettre en perspective les actualités, et pas simplement de jouer les passent-plats.
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lundi 29 juin 2020
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