mercredi 5 septembre 2012

Jamais 2 sans 3


On est 3 millions à être en recherche d'emploi !
Non, je n'écris pas chômeurs, beaucoup ne touchent pas les allocations de chômage.
Mais c'est un taux historique. D'ailleurs, on est beaucoup plus, puisque ces 3 millions sont métropolitains, n'ont pas travaillé depuis 1 mois, cherchent un CDI à temps plein, sont immédiatement disponibles et sont considérés comme « actifs » dans leur recherche. Par exemple, vous avez travaillé 3 heures pour l'inventaire d'un magasin le mois dernier, vous n'êtes plus dans la catégorie A, vous n'apparaissez plus dans les statistiques. A l'inverse, vous pouvez être inscrits à Pôle Emploi pour une recherche de poste alors que vous êtes déjà en poste. Vous n'apparaissez pas dans les statistiques médiatisées non plus. Je ne sais pas comment vous êtes considérés si vous êtes un podcasteur à succès qui gagne des sous en publiant des vidéos sur le net ?


Au final, on peut estimer à près de 5millions le nombre de personnes en recherche d'emploi en France.
Google met à disposition des donnés publiques (estimation OIT je pense) qui estiment à plus de 10% le taux de chômage. Comme en 1993, et ce n'est pas près d'aller mieux.


1 – La crise
On le sait, depuis 2008, c'est la crise [née avec les subprimes, et une des banques dont on aura découvert le nom à cette occasion s'appelle Goldman Sachs.] : l'économie va mal, les finances baissent, les ménages consomment moins, la production baisse, l'économie va donc mal...
Ce qui n'empêche pas les grandes sociétés de verser des dividendes records, mais ça ne doit pas jouer sur l'économie...

Mais vu que ça va mal, les prix vont augmenter pour compenser la baisse de consommation, donc la consommation va baisser.


2 – L'austérité
Un dossier du magazine Challenges de cette semaine relève les risques de l'austérité, notamment en citant des extraits de 3 ouvrages qui vont sortir :
« L'histoire montre que l'austérité n'a presque jamais fonctionné, et la théorie explique pourquoi il ne faut pas s'en étonner. Les récessions sont provoquées par une insuffisance de la demande : la demande globale est inférieure à ce que l'économie est capable de produire. »
Joseph STIGLITZ (prix Nobel d'économie 2001) : Le prix de l'inégalité, LLL


3 – Le changement, c'est pour quand ?
Le nouveau Président de la République a été élu, entre autre, pour renégocier les traités européens qui forcent à l'austérité et parce que son prédécesseur poussait à la rigueur plutôt qu'à la relance.
Il a même nommé un « Ministre du Redressement productif » en gage de sa vision dans la relance.

Sauf que le traité n'a pas été renégocié, que les prix s'affolent (carburants, gaz, électricité, etc.) et que le gouvernement s'enfonce dans la rigueur. Tant pis pour la relance, on verra cela dans 4 ans, histoire de préparer sa réélection...
Cela m'amène au deuxième extrait de livre du magazine :
« […] si l'économie est profondément déprimée et si les taux d'intérêt sont déjà voisins de zéro, il n'y a pas de compensation possible à l'effet de la réduction des dépenses, qui accentue alors la dépression -et cela fait baisser les revenus, annulant du moins en partie la réduction du déficit recherchée. »
Paul KRUGMAN (prix Nobel d'économie 2008) : Sortez-nous de cette crise... MAINTENANT !, Flammarion.

La raison de cette austérité est simple : il faut rassurer les marchés !


4 – Les marchés
Il faut rassurer les banques sur le fait qu'on ne va pas dilapider l'argent qu'elles nous [enfin, à l'Etat] prêtent. Sauf qu'on en fait ce qu'on en veut, de l'argent qu'on emprunte, non ? Du moment qu'on le rembourse ? Et pour rembourser, il faut qu'on lui fasse faire des petits, à cet argent !
Or, se montrer sévère, et ne pas dépenser pour autre chose qu'aider les entreprises (dans lesquelles lesdites banques ont des intérêts) permet de montrer patte blanche auxdites banques. Sauf qu'on ne relance pas forcément l'économie, donc on ne récupère pas franchement la mise, donc on finit en faillite. Et qui va en profiter pour racheter à pas cher les propriétés des états ? Les banques ! Puisqu'il n'y a plus qu'elles qui auront des moyens (même pas d'argent, non, elles le feront en compensation des dettes qu'on leur doit) !

D'ailleurs, vous remarquerez que les états participent au financement de la Banque Centrale Européenne, qui prête aux banques pour qu'elle puisse prêter aux états. Sauf que les banques prêtent aux états à un taux plus élevé que celui auquel elles empruntent à la BCE... qui est financée par ces états.
Donc en gros, les impôts que nous payons à l'Etat vont dans une caisse commune qui est mise à la disposition de structures privées qui prêtent à l'Etat en touchant au passage une plus-value (payée par... nos impôts)...

Mais qui dirige la BCE qui met en place un tel système ? Ha oui, un ancien banquier de Glodman Sachs !
Et qui dirige les états qui se laissent ainsi dévaliser ? La Grèce et l'Italie ont été dirigées par des anciens de Goldman Sachs (qui n'ont pas été élus à leur poste, mais désignés), l'administration des USA s'appuie sur des conseillers issus de Goldman Sachs...


5 – Et demain ?
Je laisse la parole au troisième extrait cité par le magazine Challenges :
« La spirale absurde dans laquelle l'Europe s'est laissée entraîner est devenue la suivante : réduire les déficits, mais au risque de casser la croissance, puis de combler le manque à gagner dû à la récession par de nouvelles mesures d'austérité. De 1930 à 1932, le chancelier Bruning, voulant à l'époque rassurer les marchés sur la crédibilité de l'Allemagne, avait mené une politique de rigueur de même nature, qui fit grimper le taux de chômage à des niveaux stratosphériques, supérieur à 25% de la population.
Ce chiffre est celui qu'atteignent en 2012 la Grèce et l'Espagne. En Allemagne, cette politique conduira à la radicalisation de la vie politique et mènera à la prise de pouvoir par Hitler, en 1933, moins de quatre ans après le déclenchement de la crise... En Grèce, aux élections de mai 2012, le parti nazi L'Aube dorée entrera au Parlement. »
Daniel COHEN (prof d'économie) : Homo economicus, prophète (égaré) des temps nouveaux, Albin Michel

La crise avait inspiré l'austérité, qui avait conduit à Hitler, qui avait conduit à la guerre.
L'histoire nous donne une leçon. Si le commun de mortels chercherait à éviter la guerre, en refusant l'austérité, j'imagine que l'austérité actuelle est une volonté réelle d'aller vers la guerre.
En tant qu'urbaniste je reconnais que la guerre permet de raffraichir le visage de la ville efficacement, mais la solution paraît radicale, il doit y avoir une autre raison.
Tiens, peut-être parce que Goldman Sachs a des intérêts dans l'indutrie de l'armement ?


6 – Un plan B
Une dernière fois, je reprends un extrait dans le magazine :
« […] une expansion des dépenses publiques peut provoquer, très concrètement, une expansion de la production, en créant des emplois occupés par des gens qui, sans elle, auraient été chômeurs. Un ménage isolé, quand il dépense plus qu'il gagne, ne peut changer la macroéconomie. Un gouvernement national peut le faire. Et l'augmentation du PIB peut être plusieurs fois supérieure à la somme que dépense l'Etat. »
Joseph STIGLITZ : opus cité


Belle conclusion, non ?

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