mardi 10 mai 2011

Emplois qui ploient

Quand on travaille en indépendant, le temps que l'on ne passe pas à travailler, on le passe à chercher du travail. Et il se trouve que depuis 2008, la crise (oui, je sais, elle est finie depuis longtemps, plein de fois) ne permet pas d'équilibrer tout le temps ces temps travail – recherche, et dans ces cas-là, on apprécie les aides sociales basées sur la solidarité républicaine, parmi lesquelles le RSA.
J'ai déjà eu l'occasion de m'amuser de l'usage purement politicien fait du RSA et de Pôle Emploi par leurs « responsables », mais l'entrée dans l'année électorale présidentielle commence à me faire frémir sur ce sujet...


Laurent Wauquiez a estimé hier que les bénéficiaires du RSA devaient rendre la monnaie de la pièce et ne pas toucher plus des ¾ d'un SMIC, estimant les minimas sociaux trop proches des petits revenus salariés.

Bon, je passe sur le mensonge de l'assistanat (parce qu'il faudrait s'intéresser aux cadeaux fiscaux faits aux actionnaires et aux financiers du CAC 40 plus qu'aux niches sociales... mais on ne touche pas aux riches lorsqu'on est un riche), sur les allégations de fraude permanentes (sans jamais citer un chiffre ou une étude pour les justifier), sur l'absence de réflexion sur les salaires (pourquoi ne pas revaloriser les salaires pour rendre cohérent leur écart avec les aides sociales ? Pourquoi ne pas limiter les salaires des dirigeants ? Pourquoi ne pas se poser ces questions, tout simplement ?) qui sont le signe d'une attaque idéologique sans base raisonnée.

Ce qui m'indigne le plus, finalement, c'est d'entendre un ministre (donc a priori quelqu'un qui doit s'occuper de tous les gens et pas seulement des plus fortunés d'entre eux) proposer à... moi, par exemple, d'assurer 5h par semaine de services généraux.
En soit pourquoi pas ? J'ai un bac+5 et un M2, je travaille auprès de collectivités et d'entreprises, mais je peux aussi aller faire la circulation devant les écoles (à la place des personnes qui ont obtenu un emploi incluant cette mission ?). Je n'ai jamais travaillé dans une caisse d'assurance mais je peux aussi assurer l'accueil dans ces services publics (pour remplacer gratuitement les fonctionnaires partis en retraite sans être remplacés ?)...




Et là, je sens le dénigrement de cet homme pour les services publics.
Après tout, ça ne rapporte par d'argent dans ses poches, donc c'est inutile, donc ceux qui y travaillent sont des impotents, donc on peut les remplacer par n'importe qui trouvé dans la rue...
Sauf que l'accueil dans les services publics, avant les réorganisation AssEDIC ou Sécurité Sociale, c'était orienter les usagers vers les bonnes personnes pour résoudre leurs problèmes. Désormais, ça doit être comme à la poste, les orienter vers les sociétés privées hors de prix qui ne feront pas le travail...

Autre dénigrement, celui du travail même !
Finalement, ce qu'il me propose, c'est un échange de mon temps et de ma force contre revenus sociaux, c'est ce qui s'appelle un contrat de travail. Sauf qu'on voit là un travail dissimulé, donc illégal, mais sous l'égide de l'Etat !

Laurent Wauqiez est ministre des Affaires européennes (vous saviez que ce ministère existait ?) et donne donc son avis sur les minimas sociaux, puisque cette question dépend directement des dossiers qu'il traite au quotidien au sein de son ministère...
Si j'en crois Wikipedia, il n'a jamais eu à se préoccuper de son avenir : fils de riches industriels et d'une mère maire, il fait Normale Sup', effectue dans le même temps un stage auprès du ministre Barrot (dès sa sortie du baccalauréat !), rentre au Conseil d'Etat à sa sortie de l'ENA, député à 29 ans (et signe un rapport sur l'attribution des bourses scolaires pour le ministre Fillon), secrétaire d'état et porte-parole du gouvernement Fillon en 2007, et on lui doit dès 2008 le fusion ANPE – AssEDIC (une réussite on le sait) ainsi que l'« offre raisonnable d'emploi » (tu en refuses 2 tu es rayé des listes) avant de rejoindre le ministère des Affaires Etrangères de Michèle Alliot-Marie. C'est ce qui doit lui donner le bon droit de se prononcer sur les sujets sociaux.
Ma question est donc le rôle exact qu'il occupe, du matin au soir, et pour lequel NOS impôts le paient confortablement :
Est-il en charge des Affaires européennes (auquel cas il n'a pas à s'exprimer officiellement sur les questions sociales en-dehors de ce qu'en demande l'Union Européenne) ?
Est-il en charge de préparer la campagne électorale de 2012 (auquel cas il ne remplit pas sa mission aux Affaires européennes et il se montre ici coupable d'emploi fictif) ?


Peut-être a-t-il un avis à émettre sur l'Europe ? L'effacement de la politique devant la finance, la fermeture des frontières aux pas assez fortunés, l'ouverture des frontières à ceux qui pillent les richesses des Etats... les sujets ne manquent pas !



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