lundi 28 avril 2014

SMIC alors

Il y a un débat en ce moment qui exaspère le travailleur-indépendant-qui-cherche-un-emploi-stable que je suis : celui du coût du travail !


Pascal Lamy le 02 avril, Pierre Gattaz 10 jours après, quelques économistes (grassement payés, faut-il le souligner ?) ont réclamé une déstructuration de la rémunération professionnelle. Le pire est qu'aucun n'a expliqué en quoi un SMIC* élevé était un frein à la compétitivité ni comment sa baisse relancerait la productivité.
Pas plus qu'ils n'ont évoqué le coût du capital alors que les sociétés du CAC40 ont versé 47% de leurs bénéfices en dividendes en 2013, certaines arrivant même à verser plus à leurs actionnaires qu'elles n'ont engrangé de bénéfices ! On reviendra me dire que les dividendes rémunèrent une prise de risques par une redistribution des plus-values réalisées !

On nous sert donc que le salaire minimum français serait parmi l'un des plus élevés du monde. En fait, quand on lit sous les titres, il est parmi les plus élevés... en comparaison au salaire médian (l'exact milieu entre le salaire le plus élevé et le faible... oui, parce que le salaire minimum n'est pas le salaire le plus faible d'un pays, ça je n'ai pas encore compris).
Et lorsque l'on regarde les salaires bruts minimum en Europe on trouve cela [source Eurostat] :
- le Luxembourg (1921€/mois), la Belgique (1502€/m), les Pays-Bas (1469€/m) et l'Irlande (1462€/m) imposent un salaire minimum plus élevé qu'en France (1445€/m) ;
- parmi les pays les plus en difficultés dans la crise, la Grèce a un salaire minimum sous les 600€ après une baisse de 200€ obtenue sur l'autel de la baisse du chômage... Lequel a finalement augmenté jusqu'à 27% de la population active !
- le Portugal (485€/m) et l'Espagne (753€/m) ont également vu leur taux de chômage augmenter (jusqu'à 15,7% et 27%).

Donc la compétitivité ne semble pas affaiblie par un salaire minimum élevé ni améliorée par un salaire minimum faible (voire diminuer). Pourquoi alors ces tenants du libéralisme financier n'ont-ils de cesse de les faire baisser ? N'ont-ils donc rien d'autre à faire pour occuper leurs journées, comme, je ne sais pas, essayer de faire vivre leurs entreprises sans les subsides permanentes de l'Etat ?


* : Rappelons que l'acronyme SMIC signifie Salaire Minimum d'Interprofessionnel de Croissance, un titre qui exprime bien son objectif : assurer à chaque salarié-e un revenu minimum pour en vivre, donc consommer, donc appuyer la croissance, quelque soit son métier.
En fait, la différence avec l'ancien SMIG est qu'il est indexé sur l'augmentation du salaire de base ouvrier et non plus sur l'inflation. Or les ouvriers sont encore suffisamment syndiqués pour se défendre, donc leur salaire de base se maintient à un taux acceptable.
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